Bien que je ne sois chinois qu’à moitié, j’ai en partie grandi en Mandchourie, où j’ai d’abord écrit en mandarin avant le français. Cette double culture, à la fois visible et invisible, a nourri ma fascination pour les signes et les langages graphiques lointains ou imaginaires. Mon pseudonyme, Zhao, est un hommage à ma mère et à cette part de moi que je porte comme un secret.
Mon travail puise dans une Chine à la fois réelle et fantasmée, un mélange d’Heroic Fantasy et de mémoire familiale. À travers la photographie, le dessin et l'objet, mon vocabulaire visuel tente de capturer l’écho d’un monde ancien et mystérieux, où chaque trait ou objet devient un fragment de mon imaginaire.
À la fois directeur de la photo et scénographe (formation aux Arts décoratifs de Strasbourg), je considère la caméra comme un outil théâtral. Mon approche, résumée par ‘Photographie = Scénographie’, questionne la notion du cadre dans sa globalité, du point de vue à la fois physique et conceptuel.
Les projets que j'ai mis en image, qu’il s’agisse de courts-métrages ou de séries photographiques, visent à emmener l’image vers le statut de scène théâtrale. Ainsi, mes travaux photo sont chacun le point de départ d'une réflexion profonde sur leur encadrement, afin que ce dernier soit le plus personnalisé possible, et que sa dramaturgie puisse même prédominer sur celle du contenu de la photo. Comme le disait Marshall McLuhan, ‘medium is the message’.
J’ai rêvé d’un mot, “labyrantin”, qui pourrait être un de mes statuts créatifs. Plutôt que des entreprises de « mise en scène », ou même de « mise en image », mon travail consiste beaucoup en une « mise en logique ».
Dans mon atelier, je passe la plupart de mon temps à classer des objets, des idées, des fragments de pensée qui n’ont pas forcément de lien. Pourtant, c’est bien dans ce labyrinthe « organisé » que je construis mes systèmes de contraintes créatives, qui permettent ensuite la création d’un univers naturel et cohérent. Bien qu'irrationnelles, ces logiques entre parenthèses ne sont pas des logiques floues, comme on peut l’entendre chez Bernadette Bouchon-Meunier - La logique floue, mais des écosystèmes fictifs où chaque élément trouve sa place : non pas par hasard, mais par une résonance interne.